Perspectives économiques mondiales 2016 : fragilité globale, divergences régionales
Analyse de François Letondu, Économiste pour Société Générale
L’économie mondiale a montré des signes de fragilité fin 2015-début 2016 et la situation ne devrait pas s’améliorer notablement cette année. Toutefois, les performances économiques varieraient sensiblement selon les régions. En effet, si la croissance ralentirait dans les pays émergents, notamment en Chine, elle accélérerait modestement dans les pays développés.
En zone euro en particulier, la demande intérieure resterait bien orientée grâce à la faiblesse des prix du pétrole, qui semble devoir se prolonger.
Le très bas niveau des taux d’intérêt, alimenté par la politique monétaire accommodante de la BCE, bénéficierait aux entreprises et aux ménages endettés. D’ailleurs en France, l’investissement en logements neufs a augmenté pour la première fois depuis plus de deux ans fin 2015 et cette tendance devrait se poursuivre. L’affermissement de la reprise en zone euro renforcerait la croissance dans les pays d’Europe centrale et orientale, dont l’activité est déjà mieux orientée que dans le reste des émergents.
Aux Etats-Unis, la croissance se maintiendrait au-dessus de 2 %, là encore grâce à la demande intérieure, en particulier la consommation des ménages. Les exportations resteraient toutefois atones, en raison de la vigueur du dollar et de l’affaiblissement des importations des économies émergentes.
En effet, les pays émergents font face à l’essoufflement de leurs modèles de croissance. Le ralentissement du commerce international continuerait de peser sur leur industrie. Ainsi, la croissance chinoise ralentirait davantage sous la barre de 7 %. De plus, le renchérissement des financements en dollars stopperait la tendance à l’endettement « facile » observé au cours des années précédentes, ce qui limiterait l’investissement.
De leur côté, les pays émergents producteurs de matières premières resteraient déstabilisés par la faiblesse des prix, en particulier du pétrole. Ainsi, le Brésil et la Russie demeureraient en récession et leurs monnaies continueraient de se déprécier.
Les effets du ralentissement des économies émergentes sur les pays développés resteraient néanmoins surveillés de près par les banques centrales. La Banque Centrale Européenne accentuerait son assouplissement monétaire en 2016. Quant à la Réserve Fédérale américaine, il est vraisemblable qu’elle marquera une pause avant de poursuivre le cycle de hausse de ses taux d’intérêt directeurs entamé fin 2015. Dans ce cadre, les taux d’intérêt de court et de long terme resteraient à de bas niveaux des deux côtés de l’Atlantique.