Les périodes de transition entraînent une volatilité des prix, l'inflation résulte des politiques économiques

Publié le 10/02/2022

Analyser la situation actuelle de l’économie mondiale est une tâche rendue ardue par la présence toujours prégnante des frictions liées à la pandémie. Nous en voyons les effets sur toutes les données économiques ; mais c'est l'inflation qui fait le plus parler d'elle, s'élevant aujourd'hui à 7 % aux États-Unis et à 5 % dans la zone euro.

Les prix de l'énergie arrivent en tête de liste des facteurs à l'origine de cette hausse. Dans la première phase de la crise, l’effondrement de la demande a entraîné une chute brutale des prix. Les prix de l’énergie se sont ensuite redressés grâce à la réouverture des économies et à des mesures ciblées visant à limiter l'offre. Les ruptures d'approvisionnement techniques et les vents contraires géopolitiques ont récemment accru les pressions à la hausse sur les prix. À l'avenir, même si les prix de l’énergie restent aux niveaux élevés actuels, les effets de base s'atténueront progressivement, réduisant la contribution des prix de l'énergie à l'inflation globale.

Les frictions du côté de l'offre, qu'il s'agisse d'arrêts dans des parties clés de la chaîne d'approvisionnement mondiale, comme les semi-conducteurs, de goulots d'étranglement dans les transports, de pénuries de matières premières ou de frictions sur le marché du travail, ont contribué aux pressions sur les prix. Bien que ces frictions demeurent élevées, nous observons déjà une certaine détente qui devrait se poursuivre à moins d’une nouvelle escalade de la crise sanitaire.

Les prix de l'énergie et les frictions du côté de l'offre ne donnent pas un tableau complet de l'inflation. En effet, les chefs d'entreprise ont également dû jongler avec les hausses et les baisses exceptionnelles de la demande de marchandises liées aux pandémies, ainsi qu'avec les mesures de distanciation sociale. Ces effets s'atténuent également car ces mesures sont de mieux en mieux calibrées et les entreprises et les ménages s'y adaptent.

Enfin, il convient de noter la situation particulière des États-Unis, où une réaction excessive de la politique fiscale a déclenché une hausse des revenus des ménages. Cet effet est toutefois en train de s'estomper et l'orientation générale de la politique économique se durcit, grâce notamment aux mesures annoncées par la Réserve fédérale.

Selon notre scénario central, bon nombre des pressions inflationnistes actuelles devraient s'atténuer, ce qui devrait permettre à l'inflation de revenir à des niveaux plus proches des objectifs des banques centrales au cours des prochaines années. Il existe également un débat à plus long terme, et non des moindres, sur la question de savoir si la transition climatique pourrait entraîner une hausse structurelle de l'inflation. Bien que nous prévoyions une volatilité des prix au fur et à mesure de l'évolution des secteurs, une transition climatique ordonnée, fondée sur des politiques encourageant l'investissement, l'éducation, les nouvelles technologies et tirant parti des avantages de la numérisation, devrait garantir une inflation modérée et un environnement de croissance favorable. En effet, c'est la politique qui décide si des chocs de prix temporaires se transforment en inflation permanente. Cette fois n’est pas différente.

  • Michala Marcussen

    Chef Économiste du Groupe et Directrice des Études économiques et sectorielles