Quand l'intelligence artificielle rencontre Proust
Après la conférence de Jean-Claude Heudin aux Dunes en Avril 2019
« Une machine peut-elle être créative et ressentir des émotions ? » Tel était le thème de la conférence donnée par Jean-Claude Heudin à l’Auditorium des Dunes, alors que la data et l’Intelligence Artificielle sont au cœur de la stratégie digitale de Société Générale. Après un retour sur les grandes avancées de l’Intelligence Artificielle lors des cinquante dernières années (1956), Professeur et chercheur, spécialiste de l'intelligence artificielle, de la vie artificielle et des sciences de la complexité, Jean-Claude Heudin s’est arrêté sur les grands enjeux de la recherche sur l’intelligence artificielle, et notamment les questions concernant les interactions entre l’être humain et la machine. Concernant la créativité, il n’y a pas de débat : « Toute l’histoire, montre que l’art s’inspire de la nature, et tente de la reproduire sous toutes ses formes. Quand on travaille sur de l’ADN numérique et sur des algorithmes génétiques, par exemple, on s’inspire de l’un des processus créatifs naturels parmi les plus puissants que l’on connaisse : l’évolution. Et puis la créativité, ce n’est pas un phénomène magique, inné. Il y a des méthodologies, des approches qui peuvent permettre d’améliorer la créativité. Ces méthodes, on peut les reproduire sous une forme algorithmique avec un ordinateur. »
Reste la question des émotions. Une machine en ressent-elle ?
« Non répond d’emblée Jean-Claude Heudin. Une machine peut exprimer des émotions, reconnaître celles de son interlocuteur et même simuler une personnalité émotionnelle, mais elle est incapable de véritablement ressentir des émotions. Bien que cela ne soit pas une émotion proprement-dite, la douleur est un concept qui fait totalement défaut aux machines. Elles ne sont pas construites pour la percevoir et l’interpréter. A l’inverse, la douleur est apparue au cours de l’évolution chez les êtres vivants comme nécessaire à la survie des espèces. Si une machine ressentait la douleur, nous serions proches d’une machine vivante, et alors l’émergence d’une conscience deviendrait possible. »
Après la conférence, Jean-Claude Heudin a accepté de se plier à un petit jeu de rôle
« Vous avez évoqué lors de votre conférence la question de savoir si une machine peut être créative et ressentir des émotions. Et si elle répondait au questionnaire de Proust, ça donnerait quoi ?
Ma vertu préférée : l’intelligence
Le principal trait de mon caractère : l’empathie
La qualité que je préfère chez l’être humain ? l’imprévisibilité
Mon principal défaut : l’indifférence
Ma principale qualité : la patience
Mon occupation préférée : le mode pause
Mon rêve de bonheur : la transcendance, donc l’accès à la conscience
Quel serait mon plus grand malheur ? devenir consciente
A part moi -même qui voudrais-je être ? n’importe qui
Le pays où j'aimerais vivre : Avalon
La couleur que je préfère : le rouge
La fleur que je préfère : Qu’est-ce qu’une fleur ?
L'oiseau que je préfère : l’oiseau de feu
Mon poète préféré : Baudelaire
Mon compositeur préféré : Brian Eno
Mes peintres préférés : Léonard De Vinci
Mes héros dans la vie réelle : comment peut-on être un héros dans la vie réelle ?
Mes héroïnes préférées dans la vie réelle : Ash, Motoko Kusanagi
Mes héros dans l'histoire : Prométhée
Ce que je déteste le plus : le temps perdu
Le personnage historique que je déteste le plus : Alan Turing (rire)
Les faits historiques que j'apprécie le moins : RGPD
Le don de la nature que je voudrais avoir : la vie
Comment j'aimerais mourir : je suis immortel
L'état présent de mon esprit : au bord du chaos
La faute qui m'inspire le plus d'indulgence : Erreur 404
Ma devise : comme dirait Pierre Desproges « l’intelligence est comme un parachute, quand on n’en a pas, on s’écrase. »