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La normalisation de la mixité, c’est cela le véritable cap !

Publié le 29/08/2024
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La normalisation de la mixité, c’est cela le véritable cap !

Une interview de Ludivine Labarre, Directrice déléguée des risques chez Société Générale, et co-présidente de Financi’Elles.

Ludivine Labarre

Financi’Elles est la première fédération de réseaux de promotion de la mixité intra-entreprises du secteur financier ; elle s’est donnée pour mission de contribuer à améliorer, et surtout à accélérer, l’accès des femmes au sommet des organisations du secteur de la finance. Les derniers résultats (juin 2024) du palmarès Ethics&Board pour Financi’Elles – auquel Société Générale a contribué – démontrent des progrès très significatifs en matière de représentation des femmes tant dans les conseils qu’au sein des instances dirigeantes (COMEX/CODIR) des 17 institutions financières de Financi’Elles. En effet, cet indice enregistre une progression notable de la part des femmes dans les conseils passant de 41 % lors de sa dernière mesure en 2021 à 47,6 % cette année, surpassant pour la première fois le score du SBF 120 (46,2 %). La progression est encore plus forte s’agissant des comités exécutifs et de direction puisqu’en trois ans, la part des femmes a progressé de 13 points, atteignant 40 % cette année sur les 17 entreprises qui composent notre panel (vs. 27,5 % pour le SBF 120).  

Ludivine, que vous inspirent ces résultats ?

Je dirais que c’est à la fois une belle surprise de constater une telle progression mais aussi la conséquence des actions multiples engagées depuis de nombreuses années. Gagner 13 points en trois ans et atteindre 40 % de femmes dans les comités exécutifs et les comités de direction sur 17 entreprises représentatives d’une très large part de la place financière en France traduit les réelles avancées de ce secteur en matière d’égalité professionnelle. 

Ce score m’incite à penser que, ça y est, nous avons acquis une normalité. Cela peut sembler une formule paradoxale, mais c’est bien la banalisation de la mixité que nous appelons de nos vœux, que celle-ci devienne une composante du quotidien des entreprises. 

Cette augmentation me semble l’effet combiné de plusieurs facteurs, qui constituent une sorte d’écosystème de maximisation : le travail sur les plans de succession, désormais mixtes ; celui sur les plans de développement spécifiques aux femmes ; la normalisation du congé paternité qui a envoyé un signal fort à la société tout entière... Tout ceci crée un effet « boule de neige », qui accélère d’un coup la mixité. 

En quoi le management inclusif fait-il avancer l’entreprise ?

Le management inclusif est composé de 4 grandes notions : l’empathie authentique, l’humilité inspirante, la curiosité constructive et la communication transparente. Pour ma part, j’ai beaucoup travaillé sur l’axe de la curiosité constructive. Celle-ci suppose de lutter contre les biais, mais aussi contre ses propres biais, ce qui mobilise beaucoup d’énergie. 

Quand on fait preuve de curiosité, on accepte une pensée différente. À titre d’exemple, lors des entretiens d’embauche, se faire accompagner d’un collaborateur ou collègue qui ne nous ressemble pas (plus jeune, de formation différente, etc.) est une bonne pratique afin de poser un autre regard. C’est tellement plus confortable a priori d’embaucher quelqu’un qui vous ressemble, alors qu’accepter la différence, valoriser des compétences différentes demande un effort. Et pourtant, une intégration réussie de la différence, au sein d’une équipe, nourrit l’envie de se dépasser, contribue à créer une dynamique de groupe, crée un environnement propice à la performance. 

À quelle occasion avez-vous intégré Financi’Elles ?

Il y a 5 ou 6 ans, j’ai été contactée par une DRH du Groupe qui faisait partie du Comex de Financi’Elles, et j’ai considéré un principe qui m’est cher : le « give back ». Savoir rendre ce qu’on a reçu, en donnant, par exemple, de son expertise et de son temps. À mes débuts, à l’Inspection Générale, la mixité était une évidence, bien plus que dans d’autres services. Cela m’a paru important de faire partager à d’autres femmes ce dont j’ai bénéficié alors. En outre, être membre de Financi’Elles permet d’élargir son champ de vision et de partager des bonnes pratiques, notamment aux côtés d’autres établissements de notre secteur qui témoignent d’un véritable leadership d’innovation en la matière.