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L’école des grooms Retour sur les bancs de la classe !

Publié le 19/06/2019

En 1934, Société Générale créé une école de perfectionnement pour ses grooms. Déjà, la formation est devenue une marque de fabrique et l’un des piliers de sa culture d’entreprise.

Âgés de quatorze ans en moyenne, les grooms sont recrutés avec l’assentiment de leurs parents après l’obtention de leur certificat d’études primaires. Il s’agit, dans la majorité des cas, d’une première expérience dans la vie active. La plupart d’entre eux sont issus de milieux modestes et de familles nombreuses, vivant en périphérie des agglomérations. Contrairement à une idée reçue, le groom n’est pas seulement préposé à l’accueil des clients. D’une grande polyvalence, c’est un auxiliaire précieux qui rend des services indispensables au bon fonctionnement des équipes. Reconnaissable à son uniforme caractéristique et à sa figure juvénile, il griffe les effets d’escompte et d’encaissement, transporte le courrier et exécute des petites tâches, au sein de l’agence comme dans les services centraux parisiens. Lorsque les circonstances l’exigent, il veille à la sécurité des locaux, notamment à l’entrée de la salle des coffres. Les jours d’échéance, il lui arrive d’accompagner le garçon de recettes durant ses tournées.

En mars 1932, Société Générale réfléchit à l’idée d’ouvrir une école de formation destinée aux grooms. Ayant fait de la formation et de la promotion interne l’une des pierres angulaires de sa culture d’entreprise, la banque s’engage à offrir à ces jeunes auxiliaires les moyens de s’élever plus facilement dans la hiérarchie. L’un de ses anciens présidents, Louis Dorizon, a lui-même commencé comme groom, portier et porte-plis avant de gravir tous les échelons !

À l’automne 1934, Société Générale franchit le pas décisif au bénéfice de son jeune personnel désireux de faire carrière. C’est une grande première dans la profession bancaire. Elle intervient avant même que la Convention collective du 3 juillet 1936, reprenant les dispositions de la loi Astier, impose aux entreprises d’assurer un enseignement professionnel à leurs agents âgés de moins de dix-huit ans.

Chaque année scolaire, sous la supervision d’enseignants dûment agréés, les grooms sont réunis dans les locaux de l’Agence centrale, de l’immeuble Édouard VII et du Trocadéro. Pour assurer le meilleur suivi, les classes ne comptent pas plus de quinze élèves. Selon les années, les cours se déroulent deux à trois fois par semaine, sur les horaires de travail, généralement en début d’après-midi. À partir de 1951, cet enseignement comptera jusqu’à cinq heures hebdomadaires.

L’instruction porte d’abord sur le français, avec un effort particulier sur la grammaire, l’orthographe, l’écriture et l’élocution. Viennent ensuite les exercices d’arithmétique, avec une prédisposition pour le calcul mental rapide et les opérations bancaires élémentaires. En géographie, on demande aux élèves d’acquérir une connaissance précise des départements avec leurs chefs-lieux et leurs sous-préfectures.

Chaque groom est muni d’un livret scolaire qui lui est remis mensuellement pour émargement et qui contient son relevé de notes, ses absences et son classement. Les observations sur sa conduite, sa tenue et son travail y sont consignées à l’attention de sa hiérarchie et de ses parents. Les archives témoignent du sentiment d’émulation, profitable à tous, qui unissait les élèves.

Malgré d’inévitables incartades avec le règlement et quelques rappels à l’ordre, elles font état d’une bonne volonté générale, d’une discipline de travail et d’une soif d’apprendre qui rend hommage à ces adolescents. Leur reconnaissance envers l’établissement se traduira par un excellent taux de réussite au CAP d’employé de banque, pré-requis essentiel pour enclencher leur évolution professionnelle. Une initiative heureuse, riche en souvenirs, et qui aura contribué à renforcer leur sentiment d’appartenance.