Scénario Economique
Publié le 23/09/2024

Scénario Éco - Un régime de croissance lente s’installe

Retrouvez dans le dernier Scénario Éco, publié par les économistes du groupe Société Générale, les prévisions économiques trimestrielles pour l'ensemble des grandes économies développées et émergentes.

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Edito Vidéo - Un régime de croissance lente s’installe
Michala Marcussen - Chef Économiste du Groupe

L’éclaircissement temporaire est-il terminé ?
L'éclaircissement temporaire de l'économie mondiale, observé pendant une grande partie de l'année 2024, s'estompe maintenant. Bien que de nouvelles baisses des taux des banques centrales des deux côtés de l'Atlantique contribueront à atténuer les risques d'une récession généralisée, les espoirs d'un atterrissage en douceur risquent d'être déchus.
Plusieurs vents contraires devraient en effet maintenir l'économie mondiale dans une période prolongée de croissance atone avec peu de marge d'erreur politique.
Le premier de ces vents contraires est l'incertitude politique et géopolitique. Elle pèse sur la confiance des entreprises et des consommateurs, entraînant des retards dans les décisions d'investissement et de dépenses. L'incertitude pèse également sur certaines primes de risques dans les marchés financiers. Si on se concentre, par exemple sur la France, on constate que l'écart des rendements des obligations à long terme vis à vis de l'Allemagne s'est élargi d'environ 20 points de base depuis les élections. Nous estimons que si cela devait être permanent, toutes choses égales par ailleurs, cela réduira la croissance d'environ 0,05 point de pourcentage par an. Cela peut sembler modéré, mais additionné à des autres canaux de transmission de l'incertitude, les chiffres peuvent rapidement s'accumuler.
La capacité des ménages à dépenser est également un enjeu dans plusieurs économies, et notamment aux États-Unis. Les réserves d'épargne exceptionnelles créées par la pandémie ont maintenant été épuisées ou érodées par l'inflation, et les niveaux de salaires réels, n'ont pas encore rattrapé l'inflation passée. Les marges de manœuvre des gouvernements sont également aujourd'hui réduites et les gouvernements doivent aujourd'hui chercher à reconstituer des marges de manœuvre pour faire face à une crise éventuelle future. Ainsi, la politique budgétaire devient un vent contraire dans de nombreux pays, ou du moins, moins favorable qu'elle ne l’a été au cours des années récentes.
Enfin, en ce qui concerne la Chine, le processus en cours de réduction de la dépendance au secteur immobilier en tant que moteur de croissance pose plusieurs défis. La dernière série de données économiques décevantes en témoigne. Aujourd'hui, l'objectif officiel de 5 % de croissance en Chine en 2024 semble de plus en plus hors de portée.
Le changement climatique fait-il également partie de ces vents contraires ?
La fréquence accrue prédite des phénomènes météorologiques extrêmes, est devenue de plus en plus visible, avec un coût humain et économique élevé. Le besoin qui en résulte de réparer les dommages causés par ces événements météorologiques et de s’y adapter, par exemple sous la forme d'une protection contre les inondations, risque de priver de ressources financières la transition climatique qui s’impose d’urgence.
Nous observons par ailleurs que les facteurs climatiques pèsent de plus en plus sur les logements. En effet, pour les ménages, il faut prévoir des ressources financières tant sur le plan de l’amélioration de l'efficacité énergétique des logements, que sur le front de la résilience face au changement climatique.
Quel est l'impact attendu sur l’économie des baisses de taux ?
L'assouplissement des conditions monétaires des deux côtés de l'Atlantique devrait certainement apporter un certain soulagement à l'économie, y compris aux marchés immobiliers. Il convient cependant de rappeler que ramener la politique monétaire de la position, aujourd'hui restrictive, à la neutralité nécessitera un rythme plus rapide de baisse de taux que ce qui est actuellement attendu par les marchés financiers au cours des trimestres prochains. Par ailleurs, il faut aussi garder en tête que toutes les banques centrales ne sont pas en mode d'assouplissement. Par exemple, la Banque du Japon est en train de signaler un nouveau resserrement de la politique monétaire.
A ce stade, le véritable potentiel de croissance de l'économie mondiale proviendra de la création des opportunités d'investissement et des innovations. A cet égard, les soutiens d'autres domaines de la politique économique est nécessaire. De ce point de vue, le nouveau rapport sur l'avenir de la compétitivité européenne dirigé par Mario Draghi trace la voie à suivre pour libérer les opportunités et montre d'où pourraient provenir des surprises positives pour l'économie européenne. Bien sûr, pour que ces avantages se matérialisent, un accord politique doit être trouvé.

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