Scénario Economique
Publié le 18/12/2024

Scénario Éco - Le coût des incertitudes

Retrouvez dans le dernier Scénario Éco, publié par les économistes du groupe Société Générale, les prévisions économiques trimestrielles pour l'ensemble des grandes économies développées et émergentes.

Michala Marcussen - Chef Économiste du Groupe
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Edito Vidéo - Le coût des incertitudes
Michala Marcussen - Chef Économiste du Groupe

Pourquoi les marchés boursiers mondiaux se redressent-ils dans un contexte d'incertitude accrue ?
Alors que l'année 2024 touche à sa fin, nous observons un contraste entre les nombreux titres de presse relatifs à l'incertitude et la fragmentation mondiale, et les marchés boursiers mondiaux qui, à quelques exceptions près, continuent de se redresser.
A l'approche de 2025, les sources d'incertitude sont nombreuses. Savoir comment la nouvelle administration Trump s'attaquera aux nombreux enjeux, tant sur le front domestique qu’international, figure parmi les questions principales.
Pour l'instant, le marché semble accorder à la nouvelle administration américaine le bénéfice du doute, en tenant compte des réductions d'impôts et de la déréglementation, tout en supposant que les actes seront moins forts que les annonces en ce qui concerne les tarifs douaniers et l'endiguement de l'immigration. Sur ce dernier point, rappelons qu'une partie importante de la surperformance de la croissance américaine peut être effectivement attribuée à la forte augmentation de l'immigration ces dernières années. C’est vrai du côté de la demande, avec une consommation plus élevée, comme du côté de l'offre, avec une augmentation de l'offre de main-d'œuvre qui permet de contenir les spirales salaires-prix.
Il convient néanmoins de rappeler que le point de départ de la deuxième administration Trump est très différent de celui de la première. Les taux d'intérêt sont plus élevés et la dette publique aussi ; nous sortons tout juste d'une période inflationniste laissant la Fed plus vigilante sur ces risques. Aussi, les droits de douane sur la Chine sont aujourd'hui autour de 20% contre 3% lors de la dernière entrée en fonction de Trump et le monde est plus fragmenté avec des risques climatiques qui ont augmenté.
La voie à suivre pour diriger avec succès l'économie américaine est sans aucun doute beaucoup plus étroite. Selon nous, il existe de nombreux risques à la baisse pour la croissance et des risques à la hausse pour l'inflation. La marge de manœuvre de la Fed est ainsi probablement beaucoup plus réduite. Parmi les facteurs positifs pour les marchés en 2024, il convient de rappeler que les baisses de taux des grandes banques centrales, et l'anticipation que cela se poursuivra en 2025, a également été une source de soutien pour les marchés actions.
L'une des exceptions du marché actions est la France, à quoi peut-on s'attendre en 2025 ?
La situation politique en France a en effet pesé à la fois sur l'économie réelle et sur le CAC40. L'incertitude a un coût indéniable pour l'économie, et quelle que soit la façon dont nous posons l'équation, la reconstruction des finances publiques a un coût à court terme, bien qu'à long terme les avantages sont importants. Les rendements obligataires des taux longs français ont déjà atteint ceux de l'Espagne et se négocient désormais à des niveaux proches de ceux de la Grèce. L'incapacité à garantir une trajectoire crédible et durable des finances publiques pourrait voir les spreads français s'élargir davantage et se rapprocher de ceux de l'Italie. La hausse des écarts de rendement entraîne un resserrement des conditions de crédit et pèse sur l'investissement des entreprises, l'emploi et le logement.
Le nouveau gouvernement est clairement confronté à une situation difficile, d'autant plus que le point de départ s'est déjà affaibli. Le consensus table désormais sur une croissance du PIB français inférieure à 1% en 2025, contre 1,3% cet été.
Peut-on espérer un nouvel élan de la part de l'Europe ?
Les rapports Letta et Draghi dressent de nombreuses bonnes idées sur la manière de libérer la compétitivité européenne. L'Europe ne manque pas d'idées, ce qui est positif. Toutefois, de nombreuses entreprises innovantes qui démarrent en Europe finissent souvent par se tourner hors de la région pour assurer leur développement et leur croissance futurs. C'est ce que nous devons changer. Bien que les récents progrès restent décevants, l'espoir réside dans l’idée qu’un ordre mondial en mutation poussera l'Europe à prendre conscience qu'elle doit tirer parti de son potentiel pour assurer sa croissance et protéger ses modèles de protection sociale.

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